6/10/2024
C’est la question que s'est posée France24 le vendredi 4 octobre 2024, exprimant ainsi à haute voix ce que beaucoup murmurent dans les coulisses des grandes rencontres diplomatiques mondiales : la nécessité urgente de réformer l'Organisation des Nations Unies. Le débat est désormais ouvert, et la réflexion doit se faire avant qu’il ne soit trop tard.
L'ONU, créée pour préserver la paix après la Seconde Guerre mondiale, se trouve aujourd’hui dans une situation qui rappelle celle de son ancêtre, la Société des Nations (SDN), organisation internationale disparue dans les années 1930 faute d’avoir su prévenir la montée des conflits qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale. La question de sa réforme devient donc cruciale.
Pourquoi l'ONU doit-elle être réformée ?
Le Conseil de sécurité de l'ONU, composé de cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) dotés du droit de veto, est souvent paralysé par les intérêts divergents de ces puissances. Dans des conflits tels que celui en Ukraine, où la Russie bloque toute résolution contre ses actions, ou au Moyen-Orient, où les États-Unis jouent un rôle clé, cette situation empêche l’ONU de prendre des mesures décisives.
??Inefficacité face aux conflits modernes : L'ONU a été pensée à une époque où les conflits étaient principalement interétatiques. Aujourd’hui, les guerres sont souvent asymétriques, impliquant des groupes armés non étatiques, comme au Sahel ou en Syrie. L'organisation se trouve mal équipée pour gérer efficacement ces crises complexes.
??Faiblesses des missions de maintien de la paix : Bien que l'ONU ait accompli des succès dans certaines de ses missions, celles-ci sont souvent critiquées pour leur manque de financement et de coordination. En Afrique, par exemple, les missions de maintien de la paix en République centrafricaine ou en République démocratique du Congo n'ont pas réussi à stabiliser durablement ces régions.
??La montée des nouvelles puissances : L'équilibre des pouvoirs au sein de l'ONU reflète le monde de 1945, mais ce dernier a considérablement évolué. Des puissances émergentes comme l'Inde, le Brésil ou l'Afrique du Sud demandent une meilleure représentation dans les organes décisionnels, en particulier au Conseil de sécurité. L’absence de réforme pourrait affaiblir la légitimité de l’organisation.
?L'ONU risque-t-elle de subir le même sort que la SDN ?
La SDN s’est effondrée parce qu’elle manquait d’autorité, de légitimité et de moyens pour agir efficacement face aux crises. Aujourd’hui, certains des problèmes qui ont conduit à sa disparition se manifestent au sein de l'ONU : l’incapacité à répondre aux grandes crises internationales, la perte de confiance de certains États membres et l’aggravation des tensions géopolitiques.
Si l'ONU ne se réforme pas, elle pourrait se voir marginalisée. Des États pourraient privilégier des organisations alternatives comme l'OTAN, l'Union européenne ou des coalitions régionales en Afrique ou en Asie, contournant ainsi le rôle central que l'ONU joue dans la gestion des crises internationales. Ce serait un affaiblissement progressif de l’organisation, similaire à ce qui est arrivé à la SDN.
??La réforme, une nécessité pour l'avenir de l'ONU : Pour que l'ONU reste pertinente dans ce monde multipolaire et face à des crises de plus en plus complexes, une réforme est impérative à savoir :
La restructuration du Conseil de sécurité, avec un élargissement et une limitation de l'usage du droit de veto. La modernisation des outils de maintien de la paix, afin de mieux répondre aux conflits modernes.
Une coopération renforcée avec les organisations régionales, pour une meilleure gestion des crises locales.
En somme, l'ONU doit impérativement se réformer si elle veut éviter de disparaître comme la Société des Nations. Son cadre actuel, bien qu'important, n'est pas toujours adapté aux défis contemporains. Si elle échoue à s’adapter, sa pertinence pourrait s’éroder au fil du temps.
Par Aboubacar SAKHO |