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5/9/2025

 

La République de Guinée a franchi une étape majeure dans sa transformation numérique en inaugurant officiellement, le 4 septembre 2025 à Conakry, son tout premier centre de données national certifié Tier III, tout en lançant l’opération du domaine internet national .GN. Cet événement marque une avancée importante vers l’affirmation de sa souveraineté numérique, longtemps attendue par les acteurs du secteur.

Ce centre de données, ou "data center", est une infrastructure de haute technologie construite selon des standards internationaux. Il s’étend sur plus de 600 mètres carrés et possède des équipements modernes : redondance énergétique 3N, puissance de 160 kVA, générateurs de secours de 500 kVA… Des chiffres techniques qui montrent un objectif clair : garantir un fonctionnement fiable, sécurisé et sans interruption. Grâce à cela, la Guinée peut désormais héberger ses propres données sur son territoire, sans dépendre de services étrangers.

Jusqu’ici, la plupart des services publics, universités, start-ups et entreprises utilisaient des serveurs hébergés hors du pays. Cela entraînait des coûts élevés, des problèmes de sécurité, et un manque de contrôle sur des données souvent sensibles. L’arrivée de ce data center change radicalement la donne. Les données de l’État, des institutions et des citoyens peuvent désormais rester en Guinée, protégées par des lois locales, dans une infrastructure nationale.

Le lancement officiel a aussi été marqué par le retour du domaine national internet ".GN", jusque-là géré depuis l’étranger. Ce domaine est désormais administré par l’Association NIC.GN, qui veille à la bonne gestion de l’identité numérique guinéenne. À travers cette action, la Guinée affirme qu’elle veut être maîtresse de son espace numérique, en se dotant de ses propres outils, adaptés à ses réalités.

Ce projet s’inscrit dans une vision politique et stratégique plus large, portée par le Chef de l’État, en lien avec le programme Simandou 2040. L’objectif est de faire de la Guinée un acteur fort de l’économie digitale, capable d’innover, de créer des emplois et d’attirer des investissements. À travers l’infrastructure mise en place, le gouvernement espère améliorer la qualité des services publics numériques, faciliter l’accès à Internet pour tous, et soutenir le développement de solutions locales.

Les bénéfices attendus sont nombreux. Pour les citoyens, cela signifie des services administratifs plus rapides, plus fiables et plus sûrs. Pour les entreprises, c’est la possibilité de développer des plateformes et applications en gardant leurs données dans le pays. Et pour l’État, c’est un pas en avant dans la protection de ses infrastructures critiques face aux cybermenaces.

Rose Pola Pricemou, ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, a souligné lors de la cérémonie combien ce projet était le fruit d’une longue bataille. La Guinée dépendait depuis trop longtemps de l’extérieur pour ses services numériques. Le lancement de ce centre marque une rupture. De son côté, Djiba Diakité, ministre directeur de cabinet de la Présidence, a affirmé que la Guinée entre dans une nouvelle ère : « Dorénavant, nous maîtrisons nos données. »

Ce n’est pas seulement un projet technique. Il s’agit d’un tournant historique. En inaugurant son premier data center national et en reprenant le contrôle de son domaine internet, la Guinée pose un acte fort, symbolique et stratégique. C’est un signal envoyé au monde : le pays est prêt à écrire son propre destin numérique, avec ses propres outils, ses propres talents et ses propres ambitions.

Avec ce centre de données, la Guinée ne se contente pas d’être connectée au reste du monde. Elle devient un acteur de ce monde numérique, capable de stocker, de traiter et de protéger ses données, tout en bâtissant un avenir numérique plus juste, plus inclusif et plus indépendant. Ce n’est que le début d’un long chemin, mais un pas essentiel vient d’être franchi.

Par Aboubacar SAKHO
Expert en Communication