15/9/2025
Quinze des 19 corps retrouvés, victimes des éboulements du 20 août 2025 à Zacopé, ont été enterrés le 5 septembre 2025 à Friguiadi.
La grande cérémonie religieuse consacrée qui s'est déroulée à l'école militaire de Manéah aura battue le record de mobilisation du gouvernement ces derniers temps. Mais ce n'est pas là la préoccupation, celle qui consiste, au-delà des émotions et d'une telle mobilisation gouvernementale, à empêcher à l'avenir qu'un tel drame se reproduise.
Ismaël Kourouma n'a eu que 10 mois seulement de vie, Zoumana Konaté 2 ans, Fatoumata Malado Baldé 3 ans, Fatoumata Bliguissou Baldé 5 ans... n'auront pas vécus longtemps sur cette terre parce que quelque part des adultes ont failli à leurs responsabilités. C'est justement cette irresponsabilité, tant au sein de l'administration que chez les acquéreurs de terrains sur les flancs de montagnes, que le Premier ministre Oury BA dénonçait le 21 août lors de sa visite sur les lieux du drame à Manéah.
Si aucune enquête pour situer ces responsabilités n'a pour l'instant pas été envisagée, des mesures prises par les autorités au lendemain du drame ont été prises.
De sources communales, la zone abritant les habitations étant considérée comme dangereuse, il a été demandé aux occupants de s'abstenir d'y accéder.
Des locaux de militaires de Manéah et au Camp Kouamé N'Kourouma de Km-36 ont été identifiés pour servir d'abris non seulement aux familles victimes mais aussi aux occupants des maisons épargnées lors des éboulements.
Des militaires sécurisent en permanence les bâtiments pour faire respecter ces mesures.
Sous leur contrôle, ceux parmis les habitants qui désirent récupérer leurs objets ( lits, armoires, fauteuils...) sont autorisés à le faire.
A cette allure on a l'impression qu'en fin les autorités commencent à se réveiller à la suite de ce drame et à poser des actes pour empêcher qu'un tel drame se reproduise.
<< L'interdiction aux habitants d'accéder au site, j'imagine que, c'est pour leur propre securité mais aussi pour le respect du caractère inaliénable des montagnes et autres forêts classées...>>, nous explique un conseiller communal. Sauf que, en la matière et depuis sous le régime du feu Général CONTÉ, aucun ministre en charge de l'Habitat, encore moins un directeur du patrimoine bâti et non bâti, n'a oeuvré dans ce sens. Ces longues années d'occupations spectaculaires des flancs de montagnes, des baies, des forêts classées...ont été rendues possibles grâce à la bénédiction des administrations. Un laisser-aller qui n'était évidemment pas fortuite. Beaucoup de hauts cadres civils et militaires, en effet, se sont accaparés des versants montagneux du Kakulima et de Gbalan. Le système de bardages des équipements aux premiers venus, soutenu par les administrations communales et préfectorales, qu'aucun des régimes successifs n'a réussi à endiguer, n'a pas épargné ces forêts classées.
Plus de six milles hectares autour des montagnes de Gbalan et de Kakulima, érigés en forêts classées et versés dans le portefeuille du patrimoine forestier depuis les années 40 sont en grande partie hypothequés. Il suffit de faire un tour à Dubreka, Manéah et Coyah pour constater l'envahissement des versants montagneux. Et les conséquences ne se font plus attendre.
Avec 19 corps retrouvés sous les décombres, alors que d'autres pourraient y êtres encore, des blessés graves encore dans des centres hospitaliers, des familles endeuillées éparpillées pendant saison particulièrement pluvieuse, des dégâts matériels importants..toute décision de retour des familles sur ces flancs de montagnes parait suicidaire.
La seule façon de respecter la mémoire de ces enfants martyrisés, victimes de l'irresponsabilité administrative et de l'aveuglement des acquéreurs, est d'empêcher que d'autres enfants ne subissent les mêmes sorts.
CAMARA Naby Moussa.
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