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Cote d'ivoire : Quand le bulletin de vote devient une arme de destruction démocratique

27/10/2025

 



Le 25 octobre 2025, les Ivoiriens ont assisté à un scrutin digne d’un film d’action… sans suspense. Pendant que les urnes pleuraient des bulletins pré-remplis, le régime Ouattara célébrait une victoire annoncée, et la communauté internationale, fidèle à son rôle, faisait semblant de ne rien voir.

Comme prévu — et surtout comme prévu d’avance —, le grand gagnant du scrutin du samedi 25 octobre 2025 est, et sera, sans surprise Alassane Ouattara, 83 ans, éternel président et désormais collectionneur de mandats. La Commission électorale indépendante (CEI), qui porte très mal son nom, annoncera officiellement sa victoire dans la journée de ce 27 octobre. En attendant, les chiffres officieux lui donnent 99% des voix… et 100% du contrôle des urnes.

Pour le Front commun PPA-CI – PDCI-RDA de Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, inutile de tourner autour du Gbaka, ce n’était pas une élection, mais un « braquage électoral » à ciel ouvert. Le communiqué publié dimanche dans la nuit est sans détour : « Ce fut un coup d’État civil, méthodiquement organisé, au mépris du droit, de la démocratie et de la volonté du peuple. »

Dans le scénario ivoirien du 25 octobre, les urnes ont été remplacées par des matraques, et les scrutateurs par des milices. À Grand-Nahio, à Niamayo et à Toumodi, la démocratie a été accueillie à coups de gaz lacrymogènes et de balles réelles. Résultat ? Neuf morts, près de cent blessés, et un pays qui se demande encore s’il a voté ou s’il a survécu. Le symbole le plus tragique de cette farce reste le jeune N’Guessan Kouadio Richard, 13 ans, tué d’une balle alors qu’il n’avait rien demandé, si ce n’est de grandir dans une République normale.

Pendant ce temps, le chef de l’État, micro en main, a recommandé à ses partisans de « surveiller leurs quartiers », car, selon lui, « les chiens peuvent toujours passer ». Une élégance de langage qui aurait fait pâlir les grands stylistes de la xénophobie politique. Résultat, certains zélés ont cru bon de chasser de l’opposant comme d’autres chassent du gibier.

Mais que fait la communauté internationale, me direz-vous ? Eh bien, elle médite, elle observe, elle contemple… ou plutôt, elle applaudit en silence. Le Front commun s’étonne du mutisme soudain de la même communauté qui, ailleurs, sait dégainer les sanctions plus vite qu’un huissier un jour de saisie. Il faut dire qu’entre un président ami de Paris et des peuples africains un peu trop remuants, le choix est vite fait. Même l’Ambassadeur de France a cru bon de s’afficher en chemise à l’effigie de la Première dame. On n’a jamais vu une diplomatie aussi habillée de connivence.

Le Front commun, lui, ne compte pas en rester là. Il exige le rétablissement de l’ordre constitutionnel, la libération des manifestants arrêtés, et de véritables élections libres, pas des scrutins à la carte où le menu est écrit d’avance. D’ici là, les marches quotidiennes continueront, jusqu’à ce que la démocratie cesse d’être un sport extrême en Côte d’Ivoire.

En 2025, à Abidjan, voter relève de l’héroïsme et compter les voix relève de la fiction. À cette allure, le seul suspense qu’il restera aux Ivoiriens sera de savoir si le prochain mandat d’Alassane Ouattara sera à vie… ou simplement posthume. Mais rassurez-vous, la démocratie va bien, elle est juste tenue en otage, quelque part entre le Plateau et l’ambassade de France.

Au finish, Alassane DRAMANE Ouattara a gagné. Du moins sur le papier. En réalité, les vrais vainqueurs s’appellent Emmanuel Macron et la Françafrique, ces champions du recyclage politique qui ont réussi à garder intact leur précieux comptoir d’Abidjan. Le reste n’est qu’une mise en scène bien huilée pour donner des allures démocratiques à une succession dynastique. Rendez-vous donc également le 12 avril 2026 au Bénin, où, sauf surprise, le bulletin sera déjà plié d’avance. Pas forcément avec Patrice Talon comme candidat, mais avec celui qu’il — ou plutôt Macron — aura soigneusement désigné pour assurer la continuité du théâtre électoral made in Françafrique.

Par Abdoulaye Sankara (Abou Maco), journaliste-éditorialiste

 

 
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