On l’appelle à Conakry, la donneuse de grossesse. Et elle en a donné suffisamment. On dénombre présentement près de 700 femmes ‘‘enceintes’’ grâce à elle. Sauf qu’aucune de ces femmes n’a accouché d’un bébé. Elles ont toutes eu des ventres ballonnés pendant des périodes dépassant celle d’une grossesse normale. Certaines sont mortes. D’autres trainent aujourd’hui avec des maladies incurables.
De son vrai nom, Nna Fanta Camara, la soixantaine révolue. Elle a été interpellée au début de l’année en compagnie de ses complices : une femme sans profession du nom de Mma Soumah et un infirmier répondant au nom d’Etienne Gbanamou par les services spéciaux, la lutte contre la drogue et le crime organisé et mis à la disposition de la justice.
Poursuivis par devant le tribunal de première instance de Mafanco pour des faits d’escroquerie, mise en danger de la vie d’autrui, administration de substance nuisible et exercice illégale de la profession de médecine, ils ont tous été reconnus coupable des faits à eux reprochés ce lundi 9 avril 2018 en condamnés conformément à la loi.
Sur l’action publique, Nna Fanta Camara a été condamnée à cinq ans de prison ferme et au payement de dix millions de francs guinéens ; Mma Soumah à trois ans et 10 millions d’amende et Etienne Gbanamou dont la charge d’exercice illégale de la profession de médicine a été requalifiée en usurpation de titre ou de fonction, a écopé pour sa part de quatre ans de prison et au payement de cinq millions d’amende.
Sur l’action civile, les trois personnes ont été solidairement condamnées au payement d’un milliard cinq cent millions (1 500 000 000) de francs guinéens à leurs victimes pour toute cause de préjudice.
Pour des raisons de sécurité, l’avocat de la défense n’était pas à l’audience de ce lundi. Celui de la partie civile, Maître Sény Kamano s’est dit très content de cette sentence qui va dans le sens des réquisitions du ministère public mais concernant la réparation civile, il s’est montré insatisfait. Même sentiment chez ses clientes qui jugent les cinq ans de prison peu par rapport au dégât causé par dame Nna Fanta Camara.
A rappeler que la partie civile réclamait 200 milliards de francs guinéens pour tous les préjudices subis.