http://youtu.be/HOfNE2gZH1o
Frédéric Cilins a été arrêté par le FBI aux Etats-Unis pour avoir tenté d’obstruer, pour le compte de BSGR, les enquêtes ouvertes sur les conditions d’octroi des mines de Simandou à cette société. L’entreprise à Benny Steinnemetz nie être l’employeur de Cilins. Et dit ne "jamais approché Mamadie Touré sur le sujet du projet Simandou". Cependant une vidéo mise sur youtube par l’ONG Global Witness* et expliquée dans son rapport, donne les preuves du contraire de ce qu’a avancé BSGR.
La vidéo, selon Global Witness, a été prise lors d'un événement des relations publiques de BSGR le 19 Septembre 2006. Mme Mamadie Touré (une des épouses du général Conté, dit-on), entourée de militaires est présentée, en présence de M. Cilins, à Asher Avidan, président de BSGR depuis Juin 2006; Roy Oron et Mark Struik, tous de hauts cadres de BSGR. La personne présentant les responsables de BSGR à Mme Touré est son frère, Ibrahima Sory Touré alias IST, le vice-président de la filiale guinéenne de BSGR, arrêté lui aussi par la police guinéenne il y a quelques jours.
La vidéo montre également M. Struik annonçant, en anglais, les plans de BSGR pour commencer le forage dans Simandou en Novembre 2006 – bien qu’à l’époque Rio Tinto avait encore des droits sur les blocs 1 et 2 de Simandou-, M. Cilins - le suspect arrêté récemment en Floride - sert d'interprète pour M. Struik.
Le ‘’deal’’ se faisait avec Matinda, une société à Mamadie Touré
Selon l’ONG, un "contrat de collaboration" lie Mamadie Touré à BSGR. Et comment ? Matinda qui serait une propriété de Mamadie Touré a signé ce contrat avec Pentler Holdings liée à Mossack Fonseca & Co qui détenait 17,65% de BSGR Guinée. Matinda aurait reçu 2,4 millions de dollars de Pentler Holding Ltd dans le cadre du ‘‘contrat de collaboration’’. Mamadie Touré aurait reconnu devant les enquêteurs américains avoir reçu des fonds sur un compte bancaire qu’elle détient en Floride.
Selon le rapport de Global Witness, des promesses de paiements ont été faites à Mamadie Touré. L’ONG dit ne pas savoir si ces promesses ont été honorées ou si les contrats ont été révisés. Ces documents comprennent notamment un "contrat de commission" du 27 Février 2008 signé par Asher Avidan au nom de BSGR et par Mamadie Touré, au nom de sa société Matinda, il précise "BSG Ressources s'engage à donner un montant total de quatre millions de dollars en commission pour obtenir des blocs 1 et 2 de Simandou, situé en République de Guinée. "Le contrat stipule que" Matinda &Co. s'engage ... à faire tout le nécessaire pour obtenir des autorités la signature pour l'obtention desdits blocs en faveur de la société BSG Ressources Guinée ". BSGR "propose" de distribuer la commission en deux moitiés: 2 millions de dollars directement à Matinda et l'autre moitié à des «personnes de bonne volonté qui ont contribué à la facilitation de l'octroi desdits blocs". Le contrat engage aussi BSGR à la construction d'"infrastructure scolaire" en Guinée appartenant à Matinda.
Quand BSGR se moquait de la morale
Selon Global Witness, BSGR n'a rien payé pour ses droits sur Simandou et a cependant vendu 51% de sa participation à Vale en 2010 pour 2,5 milliards de dollars. De cette somme, 500 millions de dollars ont été versés immédiatement, le reste devait être payé en plusieurs étapes (Vale a arrêté de payer le reste, il y a quelques jours, NDLR). Même en tenant compte des 160 millions de dollars que BSGR dit avoir investi dans Simandou et dans une concession voisine (Zogota, NDLR), le bénéfice est immense. Mo Ibrahim, le milliardaire anglo-soudanais a indiqué, il y a quelques mois, que la valeur réelle du Simandou est de cinq milliards de dollars ! Ainsi, déplore le milliardaire, ‘‘L'argent des populations, qui devait servir à des actions de développement, est ainsi jetée’’. Pire, certains trouvent moralement incorrect qu’un homme –Benny Steinmetz- qui, en 2008 déjà, pesait à lui seul 3,6 milliards de dollars, selon Forbes, fasse son miel sur le dos d’un petit Etat pauvre (plus de la moitié de la population vit en dessous du seul de la pauvreté) et dont le budget annuel en 2010 au moment de l’affaire avec Vale, s’élevait à 1,2 milliards de dollars. Soit moins de la moitié de l’argent qu’il devrait gagner dans la joint-venture avec Vale (2,5 milliards de dollars).
Qu’à cela ne tienne, cette affaire risque d’ébranler l’empire financier de Benny car de plus en plus les preuves sont rassemblées contre lui. Et comme pour ne rien arranger, une source indique que les enquêtes sur l’affaire devront être ouvertes en Grande Bretagne où BSGR est cotée en bourse.
Ibrahima S. Traoré pour www.guinee7.com partenaire de www.lexpressguinee.com
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