22/10/2024
Les budgets de souveraineté des chefs d'État trouvent leur origine dans les pratiques des gouvernements qui allouent une partie des finances publiques à des dépenses discrétionnaires du Président ou du Chef d'État, permettant ainsi de gérer des situations ou des besoins qui nécessitent une certaine confidentialité ou rapidité dans la prise de décision. Ces fonds, souvent non soumis aux mêmes règles strictes que les autres dépenses publiques, visent à répondre aux besoins urgents ou diplomatiques, à financer certaines missions, ou encore à soutenir des initiatives en faveur de l'image du pays.
Historiquement, les budgets de souveraineté se sont élaborés dans le cadre de régimes monarchiques et impériaux, où le souverain détenait un pouvoir quasi absolu, y compris en matière de gestion des finances publiques. Avec l'avènement des régimes républicains et démocratiques, cette pratique a évolué, mais l'idée de réserver une partie des ressources pour l'usage discrétionnaire du chef de l'État à persisté, notamment dans les pays d'Afrique et d'Asie , ainsi que dans certaines démocraties occidentales. L'usage de ces fonds varie d'un pays à l'autre, mais il existe des usages communs tels que :
Le financement de rencontres internationales, réceptions officielles, voyages diplomatiques, et autres actions diplomatiques non couvertes par les budgets réguliers. Il peut être utilisé également pour financer des opérations secrètes liées à la sécurité ou à la défense, nécessitant une certaine confidentialité.
Certains Chefs d'État utilisent parfois ces fonds pour des aides ponctuelles à des individus, des groupes ou des régions touchées par des crises, des catastrophes naturelles ou d'autres situations urgentes. Le budget de souveraineté peut être consacré aussi à des actions visant à promouvoir l'image du pays à l'international ou à renforcer les relations bilatérales. D'autres dirigeants peuvent utiliser ces fonds pour soutenir des projets politiques locaux ou appuyer certaines initiatives de développement.
- Controverses : L'un des problèmes souvent soulevés concernant ces budgets est leur manque de transparence et de contrôle, ce qui peut conduire à des abus. Dans plusieurs pays, le budget de souveraineté échappe au contrôle parlementaire ou à la Cour des comptes, ce qui rend difficile d'assurer un usage conforme à l'intérêt général. Dans certains pays, des appels à une meilleure régulation et à une transparence accrue de l'utilisation de ces fonds ont été lancés pour éviter des dérives.
Par Aboubacar SAKHO
Juriste-journaliste. |