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15/11/2024

 
Participez activement à l’élaboration finale de cette Loi fondamentale, même si vous rejetez tout ce qui émane de ce Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) dirigé par le Général Mamadi Doumbouya. Que vous ayez des réserves sur le président du Conseil national de la transition (CNT), Dansa Kourouma, ou que vous n'ayez pas d'atomes crochus avec le Premier ministre Amadou Oury Bah, cela ne saurait justifier une mise à l’écart volontaire d’un processus aussi crucial. S’exclure délibérément reviendrait à se mettre en marge de l’histoire en marche, un choix qui risque de peser lourd dans le futur...

Ce rejet systématique ne saurait être une excuse valable pour ignorer une opportunité de contribuer à façonner le cadre juridique qui pourrait régir l’exercice du pouvoir, y compris le vôtre, si un jour l’occasion se présentait, soit tout juste à la fin de cette transition ou dans le futur. Qui sait ?

Il ne s’agit pas ici de cautionner la gouvernance actuelle qui se révèle à la longue une autre catastrophe, encore moins d’intégrer un gouvernement de transition — pour le moment, en tout cas —, mais de vous positionner sur un document crucial : une nouvelle Constitution. Rappelons que vous avez vous-mêmes dénoncé celle promulguée sous le régime du Professeur Alpha Condé, pourtant pertinente et objective, en invoquant l’argument du troisième mandat. Ironie du sort, ce troisième mandat que vous avez farouchement combattu, et qui a prévalu à l'avènement du CNRD, est une réalité politique qui prévaut largement, en Afrique comme ailleurs.

S’enfermer dans une posture d’extrémisme aveugle ne mène qu’à l’impasse. Ce sont précisément de telles attitudes rigides qui, par le passé, ont conduit certains novices en politique à boycotter des processus électoraux essentiels, pour ensuite regretter leur exclusion et les conséquences qui en ont découlé. Ce sont les blogueurs qui doivent suivre les stratégies élaborées par leurs partis politiques et non l'inverse...

Au-delà des rivalités partisanes, il est impératif de faire preuve de lucidité, de pragmatisme et de jugeotte. Adopter une ligne radicale et inflexible, loin de consolider une position, mène souvent à une marginalisation politique stérile. Que diable ! Les leçons du passé n’ont-elles donc servi à rien ? À moins, bien sûr, que l’ambition ultime ne soit de confirmer cette cinglante vérité énoncée par feu Jean-Marie Doré, ancien Premier ministre et leader de l'UPG, qualifiant certains acteurs politiques d’incarner "l’opposition la plus bête d’Afrique".

L’histoire regorge d’exemples prouvant que le pragmatisme et la concertation produisent des résultats plus pérennes que l’intransigeance et le refus systématique. Il faut un moment pour rompre avec les erreurs du passé, dépasser les ressentiments et égos personnels et œuvrer à un avenir construit sur des bases solides. La maturité politique exige non seulement de critiquer, mais aussi de contribuer, s'il y a lieu.
Par Abdoulaye Sankara