19/11/2024
« La crise est l’occasion d’une réflexion sur l’essentiel », disait Albert Camus. Reformulée autrement, cette pensée pourrait s’appliquer à l’élimination définitive du Syli National de Guinée à la CAN 2025. Cet échec doit être vu non pas comme une fatalité, mais comme une opportunité historique de repenser de fond en comble le football guinéen pour en faire un véritable catalyseur de transformation durable et profonde.
La tenue d’états généraux du football guinéen s’impose désormais comme une nécessité. Cette démarche permettra d’identifier les racines des problèmes qui gangrènent ce sport et de concevoir des solutions pérennes, loin des approches superficielles qui n’ont donné que des résultats temporaires. Le temps des solutions "antalgiques" est révolu ; il faut désormais agir en profondeur pour trouver le remède approprié.
Dans cette optique, l’État a la responsabilité d’allouer les ressources financières nécessaires pour élaborer et mettre en œuvre ces réformes. Le football n’est pas qu’un simple jeu : en Guinée, il est une passion fédératrice, particulièrement pour une population majoritairement jeune. Investir dans ce domaine revient donc à répondre à une demande populaire légitime et à soutenir un secteur porteur d’espoir et de cohésion sociale.
En revanche, les finances publiques ne devraient pas être dilapidées pour plus de 60 milliards de Francs guinéens dans des initiatives mal planifiées, comme cette campagne de vulgarisation d’un avant-projet de Constitution. Une telle démarche aurait pu s’appuyer sur des stratégies de communication plus efficaces et moins onéreuses : implication des communicateurs traditionnels, mobilisation des médias publics et privés, notamment des radios rurales et de proximité, etc.
Dans cette logique, la classe politique, véritable gangrène freinant le développement et les bonnes initiatives en faveur de nos nations, devrait apprendre à faire preuve de retenue. Elle doit différer cette fois-ci sa soif insatiable de pouvoir, qui sert avant tout ses propres intérêts d’embourgeoisement, au détriment de ceux de la majorité des masses populaires. Le pragmatisme et l’intérêt général doivent impérativement primer. Pendant que les réformes indispensables se mettent en place, les ambitions politiques superficielles peuvent et doivent attendre, ou, à tout le moins, se mener parallèlement sans gêner les initiatives les plus utiles.
Ce moment de flottement, bien que douloureux, représente une occasion unique d’orienter les énergies et les ressources vers des initiatives porteuses d’avenir pour le sport roi. Le football guinéen peut redevenir un symbole de renouveau national, mais cela exige du courage, une vision claire et une détermination sans faille.
N’oublions pas qu’hier, la Guinée était une grande nation de football, rayonnant à travers ses clubs emblématiques qui brillaient dans tous les stades d’Afrique. Le pays disposait d’une politique exemplaire de développement de ce sport dès la base, en particulier dans les écoles, où les jeunes talents étaient détectés et formés avec rigueur.
Avec une réelle volonté politique et une mobilisation collective, ce glorieux passé peut servir de modèle pour construire un avenir encore plus prometteur. Aujourd’hui peut renouer avec la grandeur d’hier, si l’ambition et l’engagement s’alignent sur l’intérêt général. ????????????????Abdoulaye Sankara |