1/12/2024
La nomination, hier, samedi 30 novembre 2024, du Contrôleur général de police Moussa Mounir Cissé en qualité d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée en République arabe d'Égypte suscite des interrogations. Cette décision semble s'inscrire dans une logique de "recyclage" que le CNRD avait pourtant fermement dénoncée au lendemain de sa prise du pouvoir le 5 septembre 2021. Monsieur — désormais "Son Excellence" — Moussa Mounir Cissé a en effet exercé les fonctions de directeur du Protocole d'État sous la transition dirigée par le Général Sékouba Konaté, ainsi que celles de directeur adjoint du Patrimoine Bâti public sous le magistère du Professeur Alpha Condé.
Sauf, bien sûr, si nous parlons d'un autre Moussa Mounir Cissé, également policier, doté du même grade et ayant le même parcours administratif, ce qui relèverait d'une étrange coïncidence. En tout cas, il faut au moins se réjouir que cette nomination n’ait pas concerné l’un de ces faux diplômés de la diaspora, qui ont contribué à transformer l’administration publique guinéenne en un véritable capharnaüm...
Si cette nomination est bel et bien un exemple de "recyclage", elle témoigne peut-être de la validité de l'adage selon lequel « ce sont les vieilles marmites qui mitonnent la bonne sauce ». Une vérité qui, loin de se limiter à une simple justification, trouve écho dans la sagesse de feu le professeur Djibril Tamsir Niane, pour qui « l'avenir sort du passé » (in "Soundjata ou l'épopée Mandingue"). Ce rappel à l’histoire invite à une réflexion : le progrès peut-il vraiment émerger sans tirer des leçons de l’expérience ?
Sans préjuger des compétences du nouveau promu, que je tiens à féliciter au passage pour sa nomination, cette décision traduit la nécessité de clarifier les principes et critères guidant les nominations à de hautes fonctions républicaines et au sein de l'administration publique. Est-ce une continuité dans l'excellence ou une contradiction avec les engagements initiaux du régime ? L'avenir en jugera.
Par Abdoulaye Sankara |