7/11/2025
Il est des scènes où le destin, travesti en juge, distribue les rôles sans même consulter le texte sacré de la vérité. Ce qui se joue, depuis quelque temps, autour du dossier Kassory Fofana, n’est plus du droit, mais du drame ; non plus une quête de justice, mais une mise en scène où les lumières du prétoire se confondent aux ombres du pouvoir.
Dans une révélation lucide, Me Sidiki Bérété a ôté le voile de la comédie : Kassory Fofana n’a jamais détenu les clefs de la MAMRI ni celles de l’ANIES. Ces deux institutions, telles des temples administratifs, avaient leurs propres gardiens, leurs propres scribes, leurs propres sentinelles. Lui, n’était ni le prêtre ni le trésorier du sanctuaire. Et pourtant, c’est lui qu’on a livré au bûcher du soupçon.
Qu’a-t-il donc fait ? sinon rêver.
Rêver haut, rêver fort, rêver libre.
Rêver d’un destin présidentiel, d’une Guinée debout, affranchie des querelles et des combines. Mais en ces terres où rêver est déjà un crime, son ambition devint son accusation.
Quatre années de silence en cage, quatre années d’une captivité que nul oracle n’aurait pu justifier. Et voilà qu’aujourd’hui, dans une volte-face théâtrale, on l’invite à parler, non plus en accusé, mais en témoin ! Ô ironie suprême !
Ainsi donc, celui qu’on a cloué au pilori devient tout à coup la voix que l’on consulte.
On le condamne d’abord, puis on l’interroge ensuite : voilà la tragédie d’une justice qui se mire dans son propre délire.
La Crief, au lieu de transmettre en toute transparence le parchemin de l’Inspection Générale d’État à la Cour des Comptes, a préféré l’enfouir sous la poussière des manœuvres. Car le but n’était pas la vérité, mais l’entrave ; non la lumière, mais la censure ; non la justice, mais la peur.
Et tandis que le procès se déroulait à huis clos, le juge n’a jamais convoqué les ombres.
Pas un témoin, pas une preuve.
Le silence fut roi, et l’oubli, son royaume.
L’ONG liée à l’actuel ministre de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, soupçonnée d’avoir reçu trois milliards pour la désinfection des lieux publics pendant la pandémie, ne fut point appelée à comparaître.
La vérité resta dans les couloirs, bâillonnée par la prudence et ligotée par l’intérêt.
La Fontaine, ce visionnaire des âmes et des pouvoirs, avait déjà gravé sur le marbre des siècles cette maxime éternelle :
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Hier, c’était d’autres noms.
Aujourd’hui, c’est Kassory.
Demain, ce sera un autre encore.
La roue tourne, mais le mécanisme demeure inchangé : on sacrifie les têtes qui dépassent pour rassurer les consciences qui tremblent.
Et le comble du ridicule ?
Condamner un homme pour une affaire, puis l’appeler à témoigner dans cette même affaire !
La Totale, dirait-on au théâtre.
Un théâtre d’ombres où les acteurs s’inclinent devant le décor du pouvoir, pendant que la justice, déguisée en tragédienne, danse au rythme des tambours de la complaisance.
La scène est belle, certes, mais le texte, lui, est vide.
Et l’histoire, hélas, retiendra moins les répliques que la mascarade.
Konaté Lancine de la jeunesse du RPG ARC EN CIEL |