7/5/2024
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Alors que je n’ai pas fini de sécher les larmes pour le décès de Jules Mory Condé, journaliste avec qui j’ai passé de meilleurs moments au journal la ‘’Nouvelle TRIBUNE’’, me voici encore dans un état de tristesse profonde suite au décès au Canada de Kollet Bangoura, le ‘’Baron’’, journaliste sportif et enseignant.
« bjr mon cher ami. Par la grâce de Dieu je vais de mieux en mieux aujourd’hui. Je continue le traitement. Ça ira s’il plaît à Dieu... »
C’est ce que Kollet Bangoura me disait, de son lit de malade, il n y a pas longtemps lors d’un échange téléphonique. Sa voix rassurante, ce jour, m’avait comblé d’immense joie. C’est dire que malgré la maladie, contre laquelle il s’était battu, le ‘’Baron’’ espérait retrouver sa santé. Mais le destin en a décidé autrement.
J’ai connu Kollet Bangoura en 1991 à l’université de Kankan. Il était un ami de classe, où on s’est rencontré, pour la première fois, puis partagé les mêmes table-bancs jusqu’à la fin de nos études. Kollet, était un être bien éduqué, profondément humain, inoffensif et était un bon croyant.
Un jour, alors que je finissais mes entraînements au stade de l’université, il m’avait apprécié et encouragé à embrasser le football et en faire ma profession. J’ai répondu que je compte m’investir dans ce sens tout en ajoutant que mon rêve était de devenir un journaliste. Lui aussi, m'avait-il confié, nourrissait le même rêve. J’étais convaincu de ses talents naissants dans la presse universitaire. Et, quatre ans après, ce rêve était devenu une réalité pour nous. Lui et Sanou Kerfalla Cissé, aujourd’hui patron de SABARI FM, m’avaient encouragé à intégrer le journal satirique, le Lynx, où j’ai rejoint Kollet Bangoura en 1996. Il était curieux de savoir. Cette curiosité - un des traits distinctifs d’un bon intellectuel - l’a caractérisé tout au long de sa vie professionnelle.
Journaliste sportif, le ‘’Baron’’ a embrassé aussi le métier d’arbitre de football. Il menait ses deux activités ensemble. Cette double compétence l’a permis d’avoir une expérience solide en matière de sport en général et du football en particulier. Ses explications et analyses étaient pertinentes et crédibles sur le foot guinéen et africain. Tant dans les media locaux que sur les ondes de la voix de l’Amérique où il fut l’un des consultants.
Dans les pages sportives du Lynx et de la Lance, le lecteur trouvait toujours de quoi se réjouir du sport, de ses enjeux ou de se fâcher. En effet, à la suite de nombreuses enquêtes dans le domaine sportif - un secteur qui souffrait de mal gouvernance, de détournement, de corruption endémiques - le duo Kollet Bangoura - D. Beck, malgré des menaces vis-à -vis des media à l’époque, proposait aux lecteurs des informations sportives de qualité et qui, parfois, bouleversaient le milieu sportif national.
Ces dernières années, Kollet Bangoura, bien que loin du pays, s’était souvent invité dans le débat national. Il était préoccupé du devenir de la Guinée. Un pays très riche, me répétait-il, mais détruit par ses intellectuels. dont les actes réduisent les populations à la mendicité.
Enseignant au Canada, il était convaincu que l’éducation était la clef du développement socio-économique d’un pays. Et, dans un des ses nombreux articles d’analyses sur l’éducation et ses enjeux, il était scandalisé que le peu de budget habituellement accordé aux ministères guinéens en charge de ce secteur était réduit drastiquement au fur et à mesure des dernières législatures. Alors qu’au même moment, celui accordé à la Présidence de la République grimpait de manière fantaisiste.
Je perds un ami, un frère, un grand intellectuel qui, à travers ses années de journalisme de terrain qu’il affectionnait tant, a fait son job pour son pays sans attendre rien de ce dernier.
Qu’il repose en paix éternelle !
CAMARA Naby Moussa |