30/1/2025
Dans un discours aux accents bibliques, attribués à Donald Trump qui est connu pour sa "finesse" diplomatique, ce dernier a exhorté les migrants à rentrer chez eux et à exiger des comptes à leurs dirigeants. Car, selon lui, rien ne vaut la douce chaleur de la misère nationale pour forger un vrai patriote.
« Dieu a béni votre pays. Retournez chez vous et demandez des comptes à vos dirigeants corrompus. » Voilà un conseil de développement économique aussi brillant qu’inattendu surtout venant du 666 (Voir Bible). On imagine déjà des milliers d’exilés, valises en main, faisant la queue à l’aéroport pour retourner dans des pays où leurs dirigeants bidasses les accueillent avec des brassées de roses et des promesses de réforme. Compte là -dessus et bois de l'eau claire. Kaa, vloggeur insultologue ?
Mais ce n’est pas tout. L’homme aux tweets en majuscules a également tenu à rappeler aux peuples d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie qu’ils ont une fâcheuse tendance à attendre que « les anges réparent leurs routes », plutôt que de déclencher une révolution bien sentie. Car, rappelons-le, en 1775, les Américains n’ont pas hésité à balancer du thé (anglais, battus à Lexington marquant le début de la guerre qui va conduire à l'indépendance des États-Unis) à la mer pour obtenir leur liberté. On attend donc avec impatience les premières vidéos de Nigérians et de Guinéens jetant des sacs de riz dans le fleuve Niger pour secouer leur classe politique.
Dans un élan de cohérence historique, Trump a aussi rappelé que « l’Amérique appartient aux Américains, pas aux Indiens, aux Nigérians, aux Chinois, aux Mexicains… » Un moment de poésie involontaire, puisque, à l’origine, l’Amérique n’appartenait pas vraiment aux Américains, mais à ces mêmes Indiens qui ont malencontreusement perdu au jeu du capitalisme armé. À moins qu'il ne veuille parler des Indiens de l'Inde et non des descendants Apaches de Geronimo qu'il voudrait peut-être confinés encore dans des réserves.
Mais le vrai clou du spectacle reste son indignation face aux femmes enceintes qui viennent accoucher sur le sol américain. « Vous voulez qu’elles accouchent en Amérique et deviennent automatiquement citoyennes américaines ? J’ai mis fin à ça. » Il est vrai que la venue au monde d’un enfant né d’une mère étrangère est un terrible complot contre la nation étoilée. Qui sait, ces bébés pourraient grandir, payer des impôts et contribuer à l’économie, un vrai désastre pour le pays…
À l’international, les réactions ne se sont pas fait attendre. Un ministre africain, sous couvert d’anonymat (et réfugié fiscal en Suisse), a réagi :
« C’est vrai que nous sommes corrompus, mais de là à nous refiler nos citoyens, c’est un peu exagéré. On n’a pas assez de place pour tout le monde, surtout depuis que nos dirigeants se partagent les terrains. »
Quant à l’OMS, accusée de fournir des médicaments subventionnés aux pauvres, elle a annoncé un plan de riposte inédit : envoyer une boîte de Doliprane à Trump avec une notice indiquant « À avaler avec un grand verre de tolérance ».
En somme, ce discours prouve une fois de plus que Donald Trump n’a pas changé. Son message aux migrants est clair : « Allez souffrir ailleurs et laissez-nous entre gens civilisés. » Une proposition pleine d’amour et de compréhension, digne d’un pays qui s’est construit… sur l’immigration.
Abdoulaye Sankara |