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Mohamed Bamba Camara, Directeur Général du SNABE : « Un lauréat n’est pas automatiquement boursier.»

17/3/2023

 




A la suite des tollés survenus dans l’envoie des étudiants boursiers de l’année 2022 au Maroc notamment ceux du Ministère de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi (METFPE), votre quotidien a rencontré le Directeur Général du service national de bourse extérieure (SNABE) Mohamed Bamba Camara. Avec lui, nous avons abordé des questions relatives à la mission de son service, des difficultés rencontrées, la procédure d’obtention des bourses et l’envoie des boursiers ainsi que des perspectives. Lisez plutôt cet entretien…


Merci Monsieur le Directeur Général du SNABE de nous recevoir. Pouvez-vous présenter votre service de façon succincte pour nos lecteurs ?


Le service national des bourses extérieures est chargé de la gestion générale des bourses, de l’attribution à la gestion durant les études jusqu’au retour des étudiants. Sur la base de critères préétablis par les ministères concernés, nous sélectionnons, envoyons, entretenons durant le cursus puis ramenons en fin de formation, les étudiants boursiers guinéens.


Depuis mon arrivée, on a développé un quatrième volet pour compléter le processus. Nous les accompagnons dans leur intégration. Beaucoup de nos cadres fuient la Guinée car après leurs études, il n’y a aucune solution qui leurs est proposée pour le retour et la réinsertion.


En prenant fonction dans ce service, quelle mission les nouvelles autorités vous ont assignés disons à l’immédiat ou à court terme ?


En arrivant, le SNABE était une nébuleuse, opacité totale, aucune compréhension de comment étaient attribuées les bourses, de quelle façon les étudiants étaient réellement gérés. Une des missions qui m’a été assignée était d’assurer la transparence totale du processus. Mais il y a un élément fondamental que les gens oublient, quand on parle de transparence, on va à l’encontre de certaines mauvaises pratiques. Celles-ci profitaient bien évidemment à des personnes qui ne peuvent pas compter parmi nos amis. Il faut dire que dans cette recherche de la transparence, de l’amélioration de la qualité de gestion des bourses, beaucoup d’intérêts ont été touchés. Beaucoup de gens bénéficiaient de passe-droit. Ils pouvaient obtenir des bourses sans que leurs enfants ne soient à la hauteur de les obtenir, quand on les comparait à d’autres dossiers. Avec l’appui du ministre directeur de Cabinet de la Présidence, nous avons mis en place la commission nationale d’attribution des bourses qui était chargée d’évaluer, sur la base de certains critères allant de l’âge à la qualité du dossier en passant par l’opportunité ou le choix de la formation. Pour conforter cela, nous avons pris attache avec tous les départements du pays pour obtenir une cartographie des besoins en formation. Cela nous a amené à identifier certaines priorités qui revenaient en générale chez tout le monde. On s’est appuyé dessus pour évaluer les dossiers que nous recevons. Nous avons intégré une dimension genre, à dossier égal et mis en place la question d’âge par rapport à certaines formations. Nous avons lutté contre le fait que les attributions du SNABE étaient exercées par plusieurs autres servicesTout ceci allait à l’encontre des pratiques qui avaient cours.


Vous parlez de lutte contre certaines attributions faites par d’autres. De quoi s’agit-il ?


Pour l’exercice 2022 vous noterez que pour le Maroc par exemple nous avons reçu 230 bourses dont 50 de l’Enseignement Technique. Le traitement des 180 n’a posé aucun problème car le Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire est resté dans son rôle en laissant le SNABE faire son travail.


Nous avons fourni beaucoup plus d’effort pour le traitement des 50 de l’Enseignement Technique car, nous avons dû courir derrière les informations, le service bourse et coopération se substituant à nous pour l’envoi de ces dossiers.


Dès ma prise de fonction, l’un des principaux points noirs que j’ai identifiés dans l’attribution de la bourse - j’en ai informé les autorités notamment le Ministre Directeur de Cabinet de la Présidence de la République et celui de l’enseignement Technique et de la formation professionnelle – c’était Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle qu’il existait au sein du Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, un service qui s’appelait ‘’Service bourse et coopération’’ qui faisait le même travail que la Direction Générale du SNABE a peu de chose près. Cela donnait lieu à une certaine mauvaise compréhension de la chose. Tout cela, évidemment, est légal parce que ce service aussi avait un cadre organique donc, existait légalement. Nous avons, donc attiré l’attention sur le fait que cela pourrait constituer un problème à l’avenir si on continuait ainsi. Parce que ce service se chargeait de toutes les démarches des boursiers de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle et venait juste informer le SNABE afin qu’il paie les bourses de ces étudiants.


Quand j’ai été nommé- certains se souviendrons- la première vague d’étudiants de l’enseignement Technique et de la Formation Professionnelle qui sont partis comme étant des lauréats de l’année (NDL 2022) ont été choisis sur des bases inconnues du SNABE. Le SNABE n’a pas été associé et juste été informé qu’il fallait les inscrire sur l’état de paie des boursiers. Evidemment cela amène des dysfonctionnements dans la collaboration.


Donc les étudiants ont été envoyés par le ministère de l’enseignement technique et les billets payés dans le budget du SNABE sans qu’on ne soit associé. Quand j’ai porté l’information au Ministre Directeur de Cabinet, il était surpris que cela soit possible. Des échanges ont eu lieu entre tous les acteurs pour mettre fin à ces vieilles pratiques. Ainsi, Il a été convenu donc que tous les étudiants identifiés comme lauréats devaient passer par le SNABE pour suivre la procédure d’envoie des boursiers.


Malgré cette adoption, des manquements ont été constatés dans l’envoi des boursiers notamment ceux du Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle. Que sait-t-il passé concrètement ?


Il s’est passé que lors du passage de l’Agence marocaine pour la coopération internationale (AMCI) au cours duquel on devait présenter les listes des lauréats, le Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle est venu avec des listes non signées- rien d’officiel- que nous n’avons pas données à l’AMCI. Nous leur avons dit, qu’il fallait que les listes soient signées. Quelques jours après, on nous a envoyés des listes signées. Nous les avons transmises à l’AMCI via l’ambassade de Guinée. A la suite de ces listes, l’Agence marocaine pour la coopération internationale (AMCI) nous a demandés quelques informations supplémentaires. C’est ainsi nous sommes revenus vers le ministère de l’Enseignement Technique pour le complément d’informations. Le service bourse et coopération, au lieu de nous faire le retour, a pris sur lui, comme il en avait l’habitude, d’écrire directement à l’AMCI. L’agence marocaine nous a ressaisi pour les mêmes informations qui n’étaient pas envoyées. Le SNABE a encore demandé au ministère d’envoyer la liste avec les informations sollicitées. Cette fois, la liste que monsieur Fofana nous a envoyé à travers sa collaboratrice principale n’était pas la même liste que la première qui nous a été officiellement transmise - mes collaborateurs s’en sont aperçus, ils m’en ont informés… La dame, tout de suite, a subtilement tiré la liste, et est sortie. Nous ne l’avons plus revue. J’ai porté cette information au Ministre de l’enseignement technique. D’ailleurs, c’est ce qui a justifié- après nos échanges- la suspension des cadres du service bourse et coopération de l’enseignent technique. Puis qu’il était clairement établi que le problème venait d’eux. Parce qu’il (ce service) avait envoyé trois listes différentes qui ont pu créer la confusion chez les marocains ce, sans que le SNABE ne les reçoive. Ces listes, nous précisons que le SNABE ne les a pas.


Après l’envoi de ces trois listes, quelle suite les marocains avaient -ils donné au dossier de ces boursiers ?


Malgré tout cela, les marocains nous ont envoyés la liste des étudiants retenus comme boursiers de cette année. Ces listes ont été envoyées au ministère de l’enseignement technique et nous les avons publiés dans un besoin de transparence. C’est lorsqu’on les a publiées que les étudiants s’en sont aperçus. Ils sont venus de partout. Ces candidats, une fois de plus, nous précisons que nous ne les connaissons pas. Ainsi, nous avons demandé au ministère de l’enseignement technique de nous mettre en contact avec ces étudiants pour qu’on engage la procédure de voyage. Nous avons mis en marche le processus sur la base de la liste officielle que le ministère nous a cette fois ci transmise. C’est ainsi qu’on a envoyé dix-huit (18) candidats qui avaient des passeports au compte de l’enseignement technique. Le plus souvent nos étudiants n’ont pas de passeport. Pour les autres candidats n’ayant pas de passeport, nous avons mis en place un accompagnement auprès du ministère de la sécurité pour faciliter l’obtention du passeport. Au fur et à mesure que les passeports viennent, on les fait partir. C’est pareil pour l’enseignement supérieur.


Dans ce processus certains candidats se sont sentis marginalisés, lésés affirmant qu’on leur a volés leurs bourses. Qu’en dites-vous ?


C’est une incompréhension. Lorsque les marocains ont reçu les trois differentes listes, dans leur attribution, ils se sont un peu emmêlés dans les affectations. Certains qui étaient lauréat dans une filière se sont retrouvés dans une autre. Je prends l’exemple d’une jeune fille qui était première dans une filière dans une école de Mamou donc lauréate. Ils l’ont affectée dans une spécialité autre que la sienne. Alors les étudiants de cette spécialité se sont insurgés. Parce qu’ils ne la connaissaient pas. Ils ont crié en affirmant qu’on n’a vendu une place chez eux en mettant quelqu’un qui n’est pas de leur spécialité. Après vérification sur la liste, il s’est avéré qu’effectivement la fille était lauréate dans une autre filière bénéficiaire de Bourse.


Aussi, on dit souvent aux gens, vous êtes lauréats et ces derniers comprennent ‘’lauréat égale boursier’’. Non, ils ne sont pas automatiquement boursiers. Vous pouvez être premier d’une filière comme la boulangerie sans qu’il n’y ait de bourse pour cette filière tandis que la filière bâtiment a dix bourses. Donc, le dixième du bâtiment est boursier et le premier en boulangerie ne l’est pas. Ce problème aussi a été mal perçu par les étudiants pensant que le premier était automatiquement boursier. Alors qu’il n’y a pas forcément de place offerte pour ces spécialités.


Quelles dispositions comptez-vous prendre pour éviter ces genres de problèmes à l’avenir ?


Après la réunion avec le Ministre Directeur de Cabinet, nous avons adopté un certain nombre de mesures. Outre des mesures déjà existantes, Il a été retenu de rajouter le numéro de passeport sur toutes les listes destinées à nos différents partenaires. Il a été ensuite arrêté cette fois-ci que toutes les listes devaient venir au SNABE qui allait statuer dessus à travers la commission nationale d’attribution des bourses extérieures. Nous avons fait un projet de tableau qu’on va adresser à nos partenaires pour désormais être sûr que les noms seront accompagnés de la filiation. Donc, on va mettre un maximum de garantie pour que des cas d’homonymie parfaite ne viennent plus créer des problèmes. Il y a eu des reformes qui ont été engagées par le ministère de l’enseignement technique pour mettre fin à ce service coopération et bourse.


Par Séka Cissoko pour www.lexpressguinee.com

 

 
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